Le Japon pourrait permettre le retour au pays des résidents étrangers

Avec la crise du Covid-19, le Japon a du prendre des mesures de restrictions pour limiter les entrées dans le pays. De fait, beaucoup de résidents étrangers vivant habituellement au Japon mais qui ont du quitté le pays pour différents motifs ne peuvent pas y retourner pour le moment. Le gouvernement japonais envisage de leur permettre à nouveau de revenir. Cette mesure serait prise dans le but notamment de relancer l’économie en permettant le retour sur le territoire de toutes les forces productives mais aussi de permettre à ces résidents de retrouver leur famille vivant au Japon. Cependant, tous les résidents étrangers pourront de nouveau entrer sous réserve d’avoir au préalable passer un test de dépistage au coronavirus.

Aujourd’hui, les résidents étrangers ne sont pas autorisés à revenir au Japon après voir visité ou résidé dans un pays faisant partie des 129 pays non autorisés même si leur famille est au Japon. L’entrée sur le territoire japonais n’est possible que pour des circonstances exceptionnelles : nécessité de partir à l’étranger pour une intervention médicale ou être convoqué par un tribunal à l’étranger.

Le Ministère des Affaires Étrangères japonais a reçu des sollicitations de nombreux pays occidentaux depuis quelques mois demandant l’autorisation de retour au Japon pour les travailleurs expatriés. Il y aurait entre 50 000 et 60 000 travailleurs expatriés au Japon et une grande partie d’entre eux n’ont pas pu voir leur famille depuis qu’ils ont quitté le Japon.

L’autorisation d’entrée de ces travailleurs pourraient se faire progressivement car le gouvernement japonais souhaite limiter encore les entrées pour réduire les risques de propagation de Covid-19.

Travailler au Japon – L’Hexagone – レグザゴン, une école de français à Tokyo

Deuxième épisode de notre série d’articles « Travailler au Japon ». Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Florent, Toulousain vivant à Tokyo depuis quelques années et qui a récemment créer son entreprise à Tokyo. Afin d’en savoir un peu plus sur son parcours et son expérience, nous avons souhaité lui poser quelques questions. Nous tenons à la remercier de nous avoir accordé cet interview et d’avoir accepté de partager son vécu.

Bonjour Florent, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours?

Je m’appelle Florent, 31 ans. Je suis d’origine Corse, mais suis né à Talence et ai quasiment toujours vécu dans la banlieue Toulousaine (Muret pour être précis). Après avoir fini mon M2 LEA (Langues étrangères Appliquées) à l’université Toulouse II Jean-Jaurès en 2010 (le Mirail à l’époque…), je suis parti en échange université à l’université Chuo à Tokyo pour un an. J’ai malheureusement dû revenir plus tôt que prévu en Mars 2011 à cause du grand tremblement de terre (ça fait déjà 8 ans, que le temps passe vite !). Cependant, cela n’a pas égratigné le moins du monde mon envie de continuer mon expérience au Japon. J’y suis donc retourné avec un visa Vacances-Travail 2 ans plus tard après avoir mis un peu d’argent de côté. Après avoir fait quelques baito et passé le JLPT N2, j’ai réussi à trouver un travail en tant que recruteur d’élèves et professeur d’anglais à ESMOD, école de mode française située à Ebisu, dans Tokyo. Ce travail m’a permis de renouveler mon visa pour un visa de travail. 9 mois plus tard, j’ai décidé de me lancer plus sérieusement dans l’enseignement, mais cette fois-ci du français. Je suis donc rentré dans une école de langue en passant par correspondance dans le même temps le diplôme FLE (Français Langue étrangère). J’ai fait de nombreuses rencontres dans cette école, aussi bonnes sur le plan professionnel que personnel. Deux ans et demi plus tard, je créais mon école avec deux autres collègues.

Tu as ouvert il y a quelques mois une école de Français à Tokyo, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Cette école, au nom de l’Hexagone, est une école centrée sur les cours privés, mais qui va bientôt proposer des cours en groupe restreint de deux ou trois personnes maximum. On y enseigne le français en japonais, mais aussi en anglais pour ceux qui veulent. Pour faire court, nous nous adoptons aux besoins des étudiants. Nous prévoyons de déménager dans un futur proche dans un beau bâtiment qui va ressembler à un mini château français dans le quartier chic d’Aoyama. Ce bâtiment a en réalité été dessiné par un de mes anciens étudiants avec qui j’ai gardé contact et avec qui je suis devenu très proche. Il en sera aussi le propriétaire. Nous avons d’ailleurs ensemble pas mal de projets, notamment en France. L’école est aussi partenaire avec une société japonaise  qui envoie les étudiants en France afin d’étudier et/ou de rester en famille d’accueil. Elle nous présente les étudiants afin qu’ils puissent parler un minimum français et se débrouiller avant de partir.

Comment est venue cette idée ? Quelles sont les difficultés que tu as rencontré lors de la création ?

L’école dans laquelle mes collègues et moi-même travaillions était très mal gérée. En plus le patron, un Français, a eu un comportement déplacé avec des élèves. Choses que l’on ne savait pas au début, évidemment. Lorsque cela a fait surface, nous ne pouvions plus moralement travailler dans une telle école. De plus, nous avions déjà dans l’idée de faire une école à notre image, honnête et proposant des cours de qualité avec de vrais professeurs (chose rare dans le monde des écoles de langue au Japon). En bref, une école qui saurait donner envie aux étudiants d’aller en France et de découvrir ce magnifique pays. Seulement, la création de l’école n’a pas été une balade tranquille. Le premier problème auquel j’ai dû faire face fut le visa. J’étais jusque là en visa Travail, sponsorisé par mon ancien employeur. En quittant l’école, j’ai été contraint de changer en visa Auto-entrepreneur / Manager en créant l’école et devenant ainsi Président de celle-ci. Cependant, ce visa n’est pas aisé à obtenir. Il faut rassembler pas mal d’argent, et les formalités sont plutôt compliquées. J’ai heureusement été aidé par mes collègues ainsi que mon couple d’amis japonais. Ils m’ont présenté leur notaire que j’ai payé pour m’aider dans la création de l’entreprise et pour mon visa. Ce fut une période assez éprouvante et stressante !
Une autre difficulté – qui n’est pas toujours facile à appréhender – est de bien choisir les personnes avec qui faire affaires. La nature des personnes peut parfois nous surprendre, autant dans le bon que dans le mauvais…

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite lancer son entreprise au Japon ?

Le réseau est d’une importance cruciale au Japon. Les relations humaines peuvent devenir un problème épineux pour un étranger (surtout français) dans une société où codes et normes sont nombreux et la maîtrise de ceux-ci sont décisifs. Il faut donc les comprendre et les appliquer un minimum pour survivre. Ainsi, étudier sans cesse la culture ne sera que bénéfique. Aussi, étudier le japonais régulièrement peut ouvrir des portes. L’impact est radicalement différent lorsqu’un étranger peut parler japonais assez naturellement et utiliser le langage poli.
Ce que je vais dire ensuite va paraître un peu paradoxal. Le Honne et Tatemae est la base de la société japonaise. Honne étant ce que l’on pense vraiment, et Tatemae le visage que l’on se doit de montrer à la société, ce qui est acceptable par les autres. Il est bien sûr important de comprendre ce concept et de l’appliquer dans la mesure du possible, mais il est aussi, à mon avis, important de s’en détacher lorsque le moment s’y prête. Ainsi, on pourra laisser une forte impression tout en restant dans les limites de « l’acceptable ».
En ce qui me concerne, je suis resté moi-même et ai parlé ‘avec le cœur’ aux personnes que j’estimais dignes de confiance. C’est mon caractère. Les japonais ne sont pas habitués à cela. Cela repoussera certains, déstabilisera d’autres, mais en charmera beaucoup, qui verront que vous êtes sincères et honnêtes, et qu’il peuvent compter sur vous (cela vaut autant sur le niveau personnel que professionnel). Les gens se rendent comptent de la supercherie si vous n’êtes que du vent.
Pour résumer, mon conseil est de travailler sur sa faculté d’adaptation (nécessaire si vous voulez évoluer dans la société japonaise), tout en restant soi-même, et en gardant sans cesse conscience des différentes règles à observer dans un environnement fondamentalement différent de ce que l’on peut voir en France.

Vous avez aimé cet article ou vous avez des questions, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

 

 

Travailler au Japon – retour d’expériences

Le Japon compte actuellement près de 11 000 ressortissants français sur son territoire dont la plupart vivent à Tokyo. Certains travaillent pour des grands groupes français ou internationaux, d’autres ont créé leur entreprise sur place ou bien sont étudiants…etc. Les expériences et les profils de chacun sont très différents. Afin d’en savoir un peu plus sur la vie professionnelle d’un expatrié français au Japon, nous avons échangé avec Rémy, un Toulousain de 28 ans qui vit et travaille à Tokyo depuis 4 ans.

Rémy, tout d’abord merci d’avoir accepté de répondre à nos questions et de prendre un peu de temps pour nos lecteurs. On sait que la vie tokyoïte n’est quelques fois pas de tout repos. Pouvez vous nous racontez votre parcours ?

Mon parcours est tout simple, j’ai eu un master en japonais après avoir fait une année d’échange à Tokyo. Cette année ma permis d’améliorer mes capacités en langue ainsi que mon ouverture d’esprit. Cette année m’a aussi fait comprendre qu’ être expatrié au Japon était plus qu’une envie mais une nécessité!

Pour vous quels sont les avantages et inconvénients de travailler au Japon ?

Le seul avantage que je vois est la valorisation du curriculum vitae. Travailler quelques années au Japon est très positif auprès des recruteurs. Il y a beaucoup plus de désavantages : mentalité des personnes, la faible quantité d’étrangers au Japon, le gap géant entre la culture japonaise et française, les aides peu existantes de la part du gouvernement japonais. Il n’y a pas d’esprit de débat, tout le monde est d’accord avec tout le monde. On se rend compte en étant à l’étranger à quel point on est bien en France, je vous assure : les APL, la sécurité sociale, les maternelles gratuites, les bourses… ici cela n’existe pas. L’adaptation au Japon n’est pas quelque chose de facile. La patience sera alors très importante.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré à votre arrivée à Tokyo ?

Je suis une personne avec un gros caractère, je n’aime pas être spectateur.
Je ne le savais pas au début, mais les « juniors » n’ont pas vraiment leur mot à dire au sein d’une société japonaise. Cependant, j’étais toujours « l’étranger », celui qui disait ses pensées, quitte à dire l’opposé des autres… personne n’était d’accord avec ce que je disais. C’était horrible de se sentir à l’écart et être jamais écouté. Il n’y a pas un jour où je ne me plains pas: Soirée entre collègues où je n’étais pas invité, favoritisme, questions bizarres…etc. Les gens étaient là pour me demander s’il faisait beau en France ou bien si on mangeait bien à Toulouse et se moquait de mon opinion sur la partie business.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite travailler au Japon ?

Pour être honnête, je ne conseille à personne de travailler pour une société japonaise, surtout en tant que première expérience professionnelle. J’avais eu la chance de travailler dans un autre pays que la France et le Japon auparavant donc j’avais suffisamment de recul. Le seul conseil que je peux donner aux personnes qui veulent se lancer est d’être très patient et de savoir faire des sacrifices !
Les japonais ne mettront jamais en priorité des étrangers bilingues lors des recrutements et il y en a des milliers au Japon !

Nous espérons que vous avez apprécié cet échange sans concessions avec Rémy. Nous tenons à vous rassurer, bien que l’expérience professionnelle de Rémy soit difficile sur certains points, il est quand même très heureux de vivre au Japon et de profiter des à-cotés bien agréables que propose le pays du Soleil Levant. Pour le moment, il ne se voit pas encore revenir en France.

Ce premier article s’inscrit dans un cycle « Travailler au Japon » qui comprendra d’autres témoignages et permettra ainsi d’avoir une vision un peu plus large de la vie professionnelle au Japon en étant expatrié. Et si vous souhaitez approfondir le sujet ou que vous avez des envies de départ pour travailler au Japon, n’hésitez pas à consulter le site France Diplomatie.