Aujourd’hui, nous vous amenons à la rencontre de Dominique Bouchait, Maître artisan fromager et meilleur ouvrier de France. Basé à Montréjeau, depuis quelques années, il travaille et va régulièrement au Japon. Dans cette interview, véritable ambassadeur des fromages occitans, il va nous détailler son parcours au pays du Soleil-Levant.
Occitanie Japon : Vous êtes Meilleur ouvrier de France et Maître artisan fromager, comment vous est venu l’idée de travailler avec le Japon ?
Dominique Bouchait: C’est une idée que j’ai eu au moment où j’ai voulu agrandir mon entreprise. J’ai d’abord été à Paris, j’ai travaillé pendant un an à Rungis pour apprendre à acheter et vendre à Rungis. Je me suis investi dans le Salon du fromage à Paris où j’ai rencontré des Hollandais, mais aussi des Japonais. Ils m’ont fait une première commande au bout d’un an. Mais une fois que ça démarre, c’est très sérieux. Il faut être très sérieux avec eux. C’est ce qu’il me demande. La fidélité est très apprécié des Japonais. Je me suis retrouvé dans leurs exigences, cela va faire une dizaine d’années que je travaille avec le Japon.
Occitanie Japon : Est-ce que vous avez rencontré des difficultés particulières ou des choses qui vous ont étonné peut être au début de cette aventure japonaise ?
Dominique Bouchait: au début, ils étaient assez frileux comme ils ne me connaissaient pas. Une fois avoir prouvé notre sérieux, cela s’est passé sans aucune difficulté tant au niveau du transport, du passage en douanes…etc. Il suffit de faire les choses dans les règles et tout se passe bien.
Occitanie Japon :Lors de notre précédente rencontre, vous m’aviez expliqué que vous étiez en train de travailler pour la prochaine Coupe du monde de rugby au Japon…
Dominique Bouchait: Pour l’instant c’est toujours dans les tuyaux. C’est par le biais d’un Français de mon village qui s’appelle Robert Verdier qui travaille au Japon et qui m’a annoncé que j’allais être contacté par un groupe japonais pour servir lors des demi-finales et de la finale mes fromages pour les espaces VIP. Cela va permettre de faire les fromages de l’Occitanie et cela me fera de la publicité pour mon entreprise, les Japonais aimant travailler avec des Meilleurs ouvriers de France. La notion de travail au Japon est très respectée et pour eux c’est un garant de qualité de parler de valeur de travail et de valeurs humaines. Les Japonais me le rendent très bien et sont mes plus gros clients à l’étranger, je travaille avec une trentaine de pays. Je vais au Japon une ou deux fois par an notamment pour lors du salon Foodex où je représente l’entreprise Hisada. Durant une semaine, je fais goûter mes fromages et j’explique d’où ils viennent notamment de Lourdes qui est une des villes les plus connues au monde pour les raisons que l’on connait. Pour les Japonais, Lourdes, ça leur parle.
Occitanie Japon : Quels conseils pourriez-vous donner à quelqu’un qui souhaite se lancer au Japon ?
Dominique Bouchait: Apprendre à aimer ce pays et d’abord lire un livre sur les us et coutumes des Japonais, c’est que j’avais fait. Il faut comprendre et accepter que ce sont des gens qui demandent autre chose que de parler du produit. Il n’y a pas que le produit au Japon, il y a aussi l’affect du goût, de la perception vis-à-vis des gens qui ne sont pas forcément habitués à cette alimentation là. Il faut aussi se rendre compte que les Japonais voyagent dans le monde entier et ils connaissent beaucoup de choses. Il faut être très respectueux de ces personnes là. J’aime le Japon, j’aime les Japonais, j’aime leur façon de travailler. Là bas nous sommes étonnés de tout. Il faut aussi faire un bel effort au niveau du langage. Il ne parle pas forcément anglais et c’est bien de leur parler en japonais. Ce n’est pas si difficile. Je n’ai pas trouvé cela très compliqué. Tout est tellement différent au Japon autant essayer de comprendre avant d’arriver là bas.
Occitanie Japon : En complément de la Coupe du monde de rugby, avez-vous d’autres projets avec le Japon ?
Dominique Bouchait: pour l’année prochaine, comme je suis aussi producteur de fromages, c’est de faire un fromage spécifique pour le Japon. Je travaille avec la maison Hisada pour voir si je peux amener un goût comme il en existe là bas en proposant un fromage un peu plus moelleux sans être coulant sans pour autant qu’il sente trop fort. Je travaille davantage sur la fabrication et sur l’affinage pour sortir un fromage qui ressemble à ce que l’on fait en Occitanie. J’essaie de voir sans me renier ce qui peut leur plaire le plus. D’un coté c’est ce que je fais pour tous mes clients. Le but est de trouver le produit qui plait au client.