Travailler au Japon – Rencontre avec Au Fil du Japon, agence de voyage francophone à Tokyo

Lors de nos précédents articles « Travailler au Japon », vous aviez pu découvrir les expériences professionnelles de Rémy ,salarié à Tokyo et Florent, professeur et directeur d’une école de Français à Tokyo. Aujourd’hui, nous restons à Tokyo et nous vous emmenons à la rencontre d’une agence de voyage japonaise créée par des Français pour des francophones au Japon : Au fil du Japon. Nous avons pu échanger avec Charlotte, chargée de communication au sein de l’agence, sur la création de l’agence, la situation actuelle du tourisme au Japon et nous lui avons aussi demandé quelques conseils de voyage pour vous.

Occitanie Japon : Bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous présenter votre agence ? 

Charlotte – Au fil du Japon : Je suis Charlotte, responsable communication d’Au fil du Japon, une agence de voyage locale située à Tokyo. Forte d’une douzaine de collaborateurs, notre équipe est francophone et propose des séjours entièrement cousu-main dans tout l’archipel. Notre spécialité est donc le voyage sur-mesure, bien que nous proposions également des voyages exclusifs en petits groupes. Notre particularité, c’est probablement que nous vivons tous sur place à l’année, ce qui nous permet de sillonner le pays de fond en comble et de nous imprégner des multiples facettes de la culture japonaise. Nous proposons un service entièrement francophone, une assistance sur place 24h/24 et des carnets de voyage détaillés au pas à pas : un compagnon de route parfait pour un séjour en totale autonomie ! Nous mettons aussi un point d’honneur à travailler avec les meilleurs guides & accompagnateurs que la destination a à offrir, sélectionnés par nos bons soins pour leurs compétences professionnelles et leurs qualités humaines. 

Occitanie Japon : Comment est née votre agence ? Avez-vous rencontré des difficultés au début de l’aventure ? 

Charlotte – Au fil du Japon : Au fil du Japon est née de la rencontre entre trois passionnés, tous venus au Japon pour des raisons différentes. Alors que Julien est plutôt attiré par le monde des jeux vidéo et des manga, c’est l’amour pour les arts, et particulièrement celui des kimono, qui a amené Marine en terre nippone. Charles, de son côté, est plutôt axé sur la gastronomie japonaise. Entre eux, le courant passe tout de suite et, bien qu’issus d’univers très différents, c’est cette complémentarité qui les amène tous les trois à imaginer un horizon commun : une agence de voyage locale. A partir de là, la création et le lancement de la société rappellent la maison de fous dans Astérix et les 12 travaux. En effet, dans un pays où la langue, le système d’écriture, ainsi que les codes sociétaux sont si différents, les procédures sont parfois d’une incroyable complexité ! Ainsi aux premières heures, Au fil du Japon ne proposait que de l’accompagnement de voyage ou du consulting en s’appuyant sur d’autres partenaires. C’est par la suite que l’agence a évolué et développé ses prestations pour en arriver à son offre actuelle. 

Occitanie Japon : Alors que le Japon a fermé ses portes et que la pandémie reste encore tenace au Japon, comment cela se passe pour vous ?

Charlotte – Au fil du Japon : Impossible de le nier, la situation a été très difficile. L’accueil des voyageurs du printemps représentait un travail de plus de 6 mois, et devoir tout annuler, à la veille des arrivées, a été un véritable coup de massue pour l’ensemble de l’équipe, mais aussi pour les touristes, privés de leurs vacances. Le moral en a été grandement impacté dans un contexte d’insécurité globale. Heureusement, nous avions bénéficié en amont du fort engouement du tourisme au Japon, et avons ainsi pu aborder ces mois difficiles avec une trésorerie confortable. Le gouvernement japonais a également mis en place des aides nous ayant permis de conserver l’intégralité de nos collaborateurs et de préparer l’avenir au mieux, afin de revenir plus forts. Désormais, nous avons les yeux rivés sur le 1er avril 2021, date à laquelle les frontières devraient à nouveau s’ouvrir ! 

Occitanie Japon : Vous avez été référencé comme agence bénéficiaire de « Go To Travel », comment cela se traduit pour vous ? 

Charlotte – Au fil du Japon : Cette campagne amorce un léger tournant pour notre agence. A l’origine, nous sommes spécialisés dans l’accueil de francophones au Japon, qu’ils soient originaires de France métropolitaine, des DOM/TOM, de Suisse, de Belgique, du Luxembourg, du Canada, ou même du nord de l’Afrique. La fermeture des frontières a conduit à une interruption totale de notre activité. Avec le lancement de Go To Travel, nous avons donc décidé de mettre notre expertise au service des expatriés qui, tout comme nous, vivent à l’année au Japon, mais ne connaissent parfois que peu leur pays d’accueil (qui n’en reste pas moins constitué de plusieurs grandes îles étalées sur 3000km !)

Finalement, si cette campagne est avant tout pour les expatriés une opportunité exceptionnelle de visiter tranquillement le Japon, à un prix défiant toute concurrence, c’est également une véritable bouffée d’air frais pour notre équipe ! 

Occitanie Japon : Pour revenir sur une thématique plus agréable, quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut aller au Japon pour la première fois ? 

Charlotte – Au fil du Japon : Simplement de se laisser porter. Ici, tout est tellement différent qu’il est difficile d’assimiler toutes les informations dans un temps réduit. L’essentiel est de venir l’esprit ouvert, afin de tirer de son séjour tous les enseignements que le Japon peut offrir. Il est parfois dommage d’amener avec soi un œil trop critique car cette approche biaisée d’une civilisation aux antipodes de la nôtre, peut empêcher de s’imprégner de cette atmosphère qui la rend si unique !  

Occitanie Japon : Parmi les questions que l’on nous pose souvent et que l’on doit vous poser régulièrement : quel budget faut-il prévoir pour un voyage au Japon ? Et quand y aller ? 

Charlotte – Au fil du Japon : Le choix de la période est généralement lié au budget, mais cette logique s’applique dans les deux sens. La saison la plus connue est incontestablement celle de la floraison des cerisiers, début avril, mais c’est aussi celle qui est la plus sollicitée, et donc la plus chère. L’automne japonais, avec l’embrasement des érables du mois de novembre est également très prisé. L’été peut être très chaud et humide, ce qui peut compliquer la visite de certains sites. Toutefois, cette saison se définit par une ambiance singulière, rythmée par ses festivals et ses feux d’artifices. L’hiver est encore boudé des touristes alors que, malgré sa fraicheur, il n’est pas pluvieux mais plutôt ensoleillé. C’est d’ailleurs la période idéale pour contempler le mont Fuji et son manteau neigeux depuis Tokyo ! De notre côté, nous apprécions beaucoup la mi-mai : le temps est clément, les foules moins nombreuses, et la floraison printanière offre des paysages magnifiques. Dans cette idée, la mi-octobre est également à envisager car l’été indien est toujours des plus agréables ! 

Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le liker et nous laisser un commentaire. Et si vous souhaitez en savoir un peu plus sur Au fil du Japon, rendez-leur une petite visite.

Travailler au Japon – L’Hexagone – レグザゴン, une école de français à Tokyo

Deuxième épisode de notre série d’articles « Travailler au Japon ». Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Florent, Toulousain vivant à Tokyo depuis quelques années et qui a récemment créer son entreprise à Tokyo. Afin d’en savoir un peu plus sur son parcours et son expérience, nous avons souhaité lui poser quelques questions. Nous tenons à la remercier de nous avoir accordé cet interview et d’avoir accepté de partager son vécu.

Bonjour Florent, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours?

Je m’appelle Florent, 31 ans. Je suis d’origine Corse, mais suis né à Talence et ai quasiment toujours vécu dans la banlieue Toulousaine (Muret pour être précis). Après avoir fini mon M2 LEA (Langues étrangères Appliquées) à l’université Toulouse II Jean-Jaurès en 2010 (le Mirail à l’époque…), je suis parti en échange université à l’université Chuo à Tokyo pour un an. J’ai malheureusement dû revenir plus tôt que prévu en Mars 2011 à cause du grand tremblement de terre (ça fait déjà 8 ans, que le temps passe vite !). Cependant, cela n’a pas égratigné le moins du monde mon envie de continuer mon expérience au Japon. J’y suis donc retourné avec un visa Vacances-Travail 2 ans plus tard après avoir mis un peu d’argent de côté. Après avoir fait quelques baito et passé le JLPT N2, j’ai réussi à trouver un travail en tant que recruteur d’élèves et professeur d’anglais à ESMOD, école de mode française située à Ebisu, dans Tokyo. Ce travail m’a permis de renouveler mon visa pour un visa de travail. 9 mois plus tard, j’ai décidé de me lancer plus sérieusement dans l’enseignement, mais cette fois-ci du français. Je suis donc rentré dans une école de langue en passant par correspondance dans le même temps le diplôme FLE (Français Langue étrangère). J’ai fait de nombreuses rencontres dans cette école, aussi bonnes sur le plan professionnel que personnel. Deux ans et demi plus tard, je créais mon école avec deux autres collègues.

Tu as ouvert il y a quelques mois une école de Français à Tokyo, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Cette école, au nom de l’Hexagone, est une école centrée sur les cours privés, mais qui va bientôt proposer des cours en groupe restreint de deux ou trois personnes maximum. On y enseigne le français en japonais, mais aussi en anglais pour ceux qui veulent. Pour faire court, nous nous adoptons aux besoins des étudiants. Nous prévoyons de déménager dans un futur proche dans un beau bâtiment qui va ressembler à un mini château français dans le quartier chic d’Aoyama. Ce bâtiment a en réalité été dessiné par un de mes anciens étudiants avec qui j’ai gardé contact et avec qui je suis devenu très proche. Il en sera aussi le propriétaire. Nous avons d’ailleurs ensemble pas mal de projets, notamment en France. L’école est aussi partenaire avec une société japonaise  qui envoie les étudiants en France afin d’étudier et/ou de rester en famille d’accueil. Elle nous présente les étudiants afin qu’ils puissent parler un minimum français et se débrouiller avant de partir.

Comment est venue cette idée ? Quelles sont les difficultés que tu as rencontré lors de la création ?

L’école dans laquelle mes collègues et moi-même travaillions était très mal gérée. En plus le patron, un Français, a eu un comportement déplacé avec des élèves. Choses que l’on ne savait pas au début, évidemment. Lorsque cela a fait surface, nous ne pouvions plus moralement travailler dans une telle école. De plus, nous avions déjà dans l’idée de faire une école à notre image, honnête et proposant des cours de qualité avec de vrais professeurs (chose rare dans le monde des écoles de langue au Japon). En bref, une école qui saurait donner envie aux étudiants d’aller en France et de découvrir ce magnifique pays. Seulement, la création de l’école n’a pas été une balade tranquille. Le premier problème auquel j’ai dû faire face fut le visa. J’étais jusque là en visa Travail, sponsorisé par mon ancien employeur. En quittant l’école, j’ai été contraint de changer en visa Auto-entrepreneur / Manager en créant l’école et devenant ainsi Président de celle-ci. Cependant, ce visa n’est pas aisé à obtenir. Il faut rassembler pas mal d’argent, et les formalités sont plutôt compliquées. J’ai heureusement été aidé par mes collègues ainsi que mon couple d’amis japonais. Ils m’ont présenté leur notaire que j’ai payé pour m’aider dans la création de l’entreprise et pour mon visa. Ce fut une période assez éprouvante et stressante !
Une autre difficulté – qui n’est pas toujours facile à appréhender – est de bien choisir les personnes avec qui faire affaires. La nature des personnes peut parfois nous surprendre, autant dans le bon que dans le mauvais…

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite lancer son entreprise au Japon ?

Le réseau est d’une importance cruciale au Japon. Les relations humaines peuvent devenir un problème épineux pour un étranger (surtout français) dans une société où codes et normes sont nombreux et la maîtrise de ceux-ci sont décisifs. Il faut donc les comprendre et les appliquer un minimum pour survivre. Ainsi, étudier sans cesse la culture ne sera que bénéfique. Aussi, étudier le japonais régulièrement peut ouvrir des portes. L’impact est radicalement différent lorsqu’un étranger peut parler japonais assez naturellement et utiliser le langage poli.
Ce que je vais dire ensuite va paraître un peu paradoxal. Le Honne et Tatemae est la base de la société japonaise. Honne étant ce que l’on pense vraiment, et Tatemae le visage que l’on se doit de montrer à la société, ce qui est acceptable par les autres. Il est bien sûr important de comprendre ce concept et de l’appliquer dans la mesure du possible, mais il est aussi, à mon avis, important de s’en détacher lorsque le moment s’y prête. Ainsi, on pourra laisser une forte impression tout en restant dans les limites de « l’acceptable ».
En ce qui me concerne, je suis resté moi-même et ai parlé ‘avec le cœur’ aux personnes que j’estimais dignes de confiance. C’est mon caractère. Les japonais ne sont pas habitués à cela. Cela repoussera certains, déstabilisera d’autres, mais en charmera beaucoup, qui verront que vous êtes sincères et honnêtes, et qu’il peuvent compter sur vous (cela vaut autant sur le niveau personnel que professionnel). Les gens se rendent comptent de la supercherie si vous n’êtes que du vent.
Pour résumer, mon conseil est de travailler sur sa faculté d’adaptation (nécessaire si vous voulez évoluer dans la société japonaise), tout en restant soi-même, et en gardant sans cesse conscience des différentes règles à observer dans un environnement fondamentalement différent de ce que l’on peut voir en France.

Vous avez aimé cet article ou vous avez des questions, n’hésitez pas à laisser un commentaire.