En ce jour de Saint-Valentin, nous avons souhaité rencontrer le chocolatier toulousain Bello et Angeli. Ce dernier a pour particularité ,au delà d’être toulousain et d’avoir obtenu de nombreuses récompenses, d’avoir tenté l’aventure au pays du Soleil-Levant depuis maintenant trois ans. On sait tous l’intérêt que porte les Japonais à la gastronomie française notamment aux chocolats français et plus particulièrement à la Saint-Valentin où la coutume veut que les femmes offrent des chocolats aux hommes. Vous pouvez retrouver notre article à ce sujet. Afin d’en apprendre un peu plus sur leur aventure, nous avons pu échanger avec David Angeli, un des cofondateurs de la marque.
Bonjour David, merci de nous recevoir dans votre nouvelle boutique à proximité du Marché Victor Hugo. Comment est venu l’idée de vous lancer au Japon alors que vous êtes une jeune maison ?
Lorsque l’on a créé l’entreprise, il y a cinq ans et demi, on avait quand même en tête de faire quelque chose en France mais aussi d’explorer à l’étranger. Le Japon est sorti assez rapidement. C’est assez similaire d’un point de vue gastronomie. Ils ont un réel intérêt pour l’artisanat, pour les produits un peu poussés. Nous avons gagné trois prix en trois ans, cela nous a un peu déclenché le Japon. Cela nous a aidé pour nous lancer d’autant plus que nous ne sommes pas très connus. C’était un plus. Sur cette base là, on a commencé il y a maintenant trois ans. Pour nous c’est intéressant, c’est totalement nouveau. On a peu débarqué sur une autre planète. Le premier jour où nous avons commencé, il y avait 3h30 de queue devant notre stand. On s’est demandé ce qu’il se passait, s’il n’y avait pas erreur sur la personne. On nous a confirmé l’intérêt des Japonais pour l’artisanat mais aussi la nouveauté. Au fur et à mesure, nous avons commencé à décrypter les codes locaux, les gouts.
Où est-ce que l’on peut vous trouver au Japon ?
Nous sommes présents au Japon uniquement à la période de la Saint-Valentin. C’est le moment numéro un pour les chocolatiers. Nous sommes uniquement présents dans les grands magasins (Takashimaya, Isetan…etc. ) à travers le pays. Je suis rentré il y a quelques jours du Japon. J’ai été à Tokyo, Osaka, Nagoya, Hiroshima et Fukuoka L’année dernière, nous avions été plutôt dans le Nord du Japon :Sapporo, Niigata.
Vous y êtes allés pour prendre des contacts ou développer votre présence ?
Alors pas du tout, nous allons à cette période uniquement pour faire des relations publiques. Nous venons pour faire les dédicaces, les photos. Que ça.
Cela doit vous faire bizarre pour le coup ?
Nous avons pris l’habitude à force. Nous sommes présents au Salon du Chocolat de Paris et il y a pas mal de Japonais qui s’y rendent. Là aussi on fait beaucoup de signatures et de selfies.
Le fait de savoir que vous êtes présents au Japon doit les ravir encore plus, non ?
Ce qu’il faut savoir c’est qu’à Paris, c’est qu’un tiers de notre clientèle est japonaise. Ce qui est assez incroyable, cette année il y en a eu beaucoup, peut être que par le passé, ils ne le disaient pas, mais beaucoup sont venus exprès du Japon. Dont un Japonais en particulier, que l’on voit souvent. C’est d’ailleurs devenu notre « pote ». On lui a demandé ce qu’il faisait là et il nous dit: » J’ai pris trois jours de vacances et je suis venu ». 12h de vol pour venir au Salon du Chocolat ! Incroyable ! Il n’a quasiment pas visité Paris, il était toute la journée au salon. A force de le rencontrer chaque année, on a appris qu’il était commercial et qu’il avait 10 jours de congés par an, il prend la quasi totalité uniquement pour venir au Salon du Chocolat. Il est connu comme le loup blanc maintenant par tous les chocolatiers.
Par rapport à votre présence au Japon, avez-vous du adapter votre travail ? Je pense notamment au packaging.
Par rapport aux recettes, on n’a rien adapté. Concernant le packaging, on a fait des emballages plus petits. Au tout début lorsque l’on a lancé l’activité, notre plus petit packaging était une boîte de 40 chocolats. Le format « Sud-Ouest » finalement. Au Japon, 40 chocolats, c’est la taille maximum.
Avez-vous pu rencontrer des difficultés lors de l’implantation ? Ou bien des choses qui ont pu vous étonner ?
Etonné ? C’est cette ferveur. Étonné sur les saveurs pas vraiment, j’essaie de comprendre s’ils ont des préférences sur le chocolat, les fruits. J’ai l’impression qu’ils aiment bien les fruits rouges. Ils aiment bien la framboise. Par contre, ils adorent notre chocolat praliné cacahuète. Il n’y a pas vraiment de grosses tendances en terme de saveurs. Mis à part qu’à la Saint-Valentin, on voit des fraises partout. Je n’ai pas trop compris au début. C’était bizarre des fraises en février alors qu’il fait trois degrés. Ils ont un vrai intérêt pour le produit local occitan. Ils ne connaissent pas trop nos produits.
Typiquement, j’ai fait deux speechs qui m’ont été demandés. Un à Fukuoka et un à Osaka. A cette occasion, ils m’ont posé pas mal de questions: quelles sont les spécificités de nos chocolats ? Qu’est-ce que l’on aimait bien quand on était gamin ? Qu’est ce que cela fait de créer sa société avec son cousin ( les deux créateurs David Angeli et Sébastien Bello sont cousins) ? Ils sont aussi très intéressés par Toulouse et l’Occitanie. Cette année, nous avons fait un coffret qui s’appelle « Toulouse en Occitanie » et dedans nous avons mis uniquement des chocolats réalisés avec des produits du coin. Nous avons fait un chocolat au safran, un à l’armagnac, avec de la framboise du Lot, du miel de sarrasin du Lauragais…et ça a bien marché. Du coup, lors de mon speech, je me suis dit il faut que les Japonais voient comment c’est. J’ai montré des vidéos de la Mairie de Toulouse qui montre le côté culturel de Toulouse. Cela a bien plu.
Concernant le Japon avez-vous d’autres projets en vue ?
On veut clairement poursuivre l’aventure japonaise et être encore plus présent au Japon. Concrètement en avril, on y retourne à l’occasion de la semaine française. On va faire d’autres produits que l’on a pas présenté lors de la Saint-Valentin. On va aussi faire de beaucoup de produits réalisés sur place devant les clients et aussi favoriser les échanges avec le public. A l’heure actuelle, nos produits sont faits à Saint Orens et partent en avion.
En ce moment, on travaille déjà sur les produits que l’on proposera l’année prochaine au Japon. On réfléchit aux nouveaux packagings…etc. Le fait de travailler pour le Japon nous pousse dans nos retranchements, c’est très stimulant.
Nous tenons à remercier à nouveau David Angeli de nous avoir accordé de son précieux temps et d’avoir répondu à nos questions. N’hésitez pas à leur rendre une visite en boutique, vous pourrez notamment découvrir un chocolat au joli nom de « sakura », réalisé à partir de thé à la fleur de cerisier.